Un nouveau rebondissement secoue l’affaire du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC). Alors que le Collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier (PJF) avait ordonné la clôture de l’enquête, le Parquet financier vient de déposer un réquisitoire supplétif visant à rouvrir certaines pistes et à élargir le champ des investigations.
Dans le viseur : l’ancien ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang.
Selon des informations rapportées par Libération, le procureur financier demande aux juges d’approfondir les investigations sur de possibles rétrocommissions impliquant Mame Mbaye Niang. Ces soupçons portent sur des transactions suspectes entre Khadim Bâ, patron de Locafrique — actuellement détenu pour fraude douanière présumée — et l’ancien ministre, mais aussi sur d’autres circuits financiers liés à l’exécution du programme PRODAC.
Des flux financiers sous haute surveillance
Cette relance judiciaire s’appuie sur les conclusions d’une expertise financière indépendante, commandée à un cabinet privé en janvier dernier.
Ce rapport, jugé accablant, met en lumière de graves anomalies comptables et des mouvements de fonds injustifiés au sein du PRODAC.
Les enquêteurs s’intéressent notamment au virement de 2,7 milliards de francs CFA vers la société israélienne Green 2000, censée fournir du matériel agricole — une livraison jamais prouvée à ce jour.
Les dirigeants de cette entreprise sont d’ailleurs injoignables depuis l’éclatement du scandale, renforçant les soupçons de détournement et de blanchiment.
Des confrontations attendues et un ministre introuvable
Le réquisitoire supplétif prévoit également la confrontation entre Mamina Daffé (ancien coordonnateur du PRODAC) et Ibrahima Cissé, gérant de la société Tida.
Leurs versions des faits divergent sur les circuits de financement et les décisions ayant conduit à la signature des contrats contestés.
Au cœur du dispositif, le ministère de la Jeunesse — dirigé à l’époque par Mame Mbaye Niang — apparaît désormais comme un maillon clé dans la chaîne des responsabilités.
Or, selon plusieurs sources, l’ancien ministre se trouverait hors du Sénégal depuis le changement de régime, ce qui complique les démarches des enquêteurs.
Une affaire loin d’être close
Malgré la clôture initiale de l’instruction, le dépôt de ce réquisitoire supplétif marque une nouvelle phase dans le dossier PRODAC.
Le Parquet financier semble déterminé à aller jusqu’au bout, afin d’éclaircir le rôle exact de chacun des protagonistes et de faire la lumière sur l’éventuelle implication de Mame Mbaye Niang dans ce qui s’annonce comme l’un des plus grands scandales financiers de la dernière décennie.
