Avec l’essor du numérique, le Sénégal fait face à une hausse alarmante des cyberattaques et escroqueries en ligne. Si les autorités commencent à réagir, les moyens restent encore en deçà des enjeux.


Le numérique, un progrès à double tranchant

Internet facilite la vie des citoyens et ouvre de nouvelles perspectives économiques. Mais il offre aussi un terrain fertile aux cybercriminels. Arnaques par mobile money, piratage de comptes bancaires, usurpation d’identité sur les réseaux sociaux ou encore chantage numérique : les formes de délinquance évoluent, et les victimes se multiplient.

Des citoyens pris pour cible

Les escrocs ciblent de plus en plus les particuliers. Ils utilisent de faux profils Facebook ou WhatsApp pour se faire passer pour des proches en détresse, des marabouts ou même des autorités administratives. Beaucoup tombent dans le piège et transfèrent de l’argent sans possibilité de recours.

Les entreprises ne sont pas épargnées. Des structures commerciales ou des cabinets juridiques ont vu leurs données verrouillées par des ransomwares, ou leurs sites piratés par des individus exigeant une rançon en cryptomonnaie.

Un cadre juridique à renforcer

Le Sénégal s’est doté d’une Loi sur la cybercriminalité (Loi n° 2008-11 du 25 janvier 2008), mais son application reste difficile. Les enquêteurs manquent souvent de formation et de moyens techniques pour traquer les cybercriminels, parfois localisés à l’étranger.

Le Centre national de cybersécurité (CNC) existe, mais sa visibilité et son efficacité restent limitées pour le grand public. Peu de citoyens savent comment signaler une fraude en ligne ou protéger leurs données.

Des réponses encore trop lentes

Face à la montée des menaces, les institutions réagissent mais de manière dispersée. Les actions de sensibilisation restent faibles. Les établissements publics et privés n’appliquent pas toujours les standards de cybersécurité. Les mots de passe sont faibles, les systèmes rarement mis à jour.

La coopération internationale est indispensable, car nombre de réseaux de cybercriminalité opèrent à l’échelle régionale, voire mondiale. Or, le Sénégal peine encore à développer des mécanismes d’entraide judiciaire numérique efficaces.

Que faire ?

  • Renforcer la formation des forces de l’ordre et des magistrats sur les enquêtes numériques.
  • Multiplier les campagnes de prévention sur les réseaux sociaux, à la radio et dans les écoles.
  • Imposer aux entreprises et administrations des audits réguliers de sécurité informatique.
  • Créer une plateforme nationale de signalement des délits numériques, accessible à tous.
  • Encourager les jeunes à se former à la cybersécurité, un secteur d’avenir et de souveraineté.

Conclusion : un défi national

La cybercriminalité n’est plus un simple désagrément, c’est une menace sérieuse pour l’économie, la stabilité et la vie privée des Sénégalais. Il faut en faire une priorité nationale. Agir maintenant, c’est préserver la confiance dans le numérique et protéger l’avenir.

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