Ils sont devenus moins bavards. Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye au Premier tour du scrutin du 24 mars dernier, les candidats malheureux à la dernière présidentielle ont quasiment tous déserté le débat public. Décryptage !

Les candidats malheureux à la dernière présidentielle, ne se sont-ils pas remis du coup de massue du 24 mars dernier ? Ils ont tous, à quelques exceptions près, rejoint Idrissa Seck dans son jeu favori, le silence. En effet, depuis la proclamation des résultats, ils sont moins bavards. Des leaders comme Thierno Alassane Sall, Aly Ngouille Ndiaye, Déthié Fall, Aliou Mamadou Dia, Khalifa Sall, etc., jadis très présents sur les réseaux sociaux, ou via des communiqués de presse, sont devenus, subitement, muets. Et renseignements pris auprès de leurs lieutenants respectifs, l’on nous balance la même réponse : « Nous évaluons d’abord les élections avant de redescendre sur le terrain ». Tous ou presque annoncent, en coulisses, des activités de massification en perspective des prochaines échéances électorales, même si, sur le terrain, c’est encore la léthargie totale.

Si certains, à l’image de Boubacar Camara ou encore Déthié Fall, ne sont pas sans nouvelles des… nouvelles autorités étatiques et qu’ils pourraient bien être cooptés, il faut toutefois signaler que la majorité d’entre ces candidats de la dernière présidentielle risquera de rester dans l’opposition. Et pour combien de temps encore ?

Cette élection, actant la troisième alternance démocratique au Sénégal, a une particularité. Les choses étant pliées au premier tour, la conséquence politique de cette situation est qu’il n’y a pas eu de négociations entre les deux tours et par conséquent, l’esprit de « gagner ensemble, gouverner ensemble » ne sera pas forcément appliqué. L’on se rappelle alors les péripéties ayant abouti à la mise sur pied de la coalition Bennoo Siggil Sénégal, qui s’est ensuite métamorphosée en Bennoo Bokk Yaakaar, dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de février-mars 2012, avant de porter en elle les germes de ses propres contradictions. Ainsi, arrivé au pouvoir via un mouvement adossé à un parti politique légalement constitué (Alliance pour la République), Macky Sall a adopté la méthode douce et de partage du butin. Un slogan qui a pu prospérer pour la bonne et simple raison que certains partis politiques au sein de la coalition Bby qui l’a porté au pouvoir, étaient dirigés par des secrétaires généraux au crépuscule de leur carrière politique. Notamment Ousmane Tanor Dieng (PS), Moustapha Niasse (AFP), Maguette Thiam (PIT), Abdoulaye Bathily (LD), Madior Diouf (RND), Landing Savané (AJ/Authentique), entre autres.  Tous avaient fini de griller leur carte. Tout ce qui leur restait, c’est d’être des faiseurs de « Présidents » et de l’accompagner.

En remontant 24 ans plus tôt, l’on se souvient encore de la stratégie qui a permis à Me Abdoulaye Wade de sortir vainqueur de son combat contre le « baobab » socialiste Abdou Diouf lors de la présidentielle de 2000. Rappelons également que le Pape du Sopi, ayant bénéficié des dissidences de Moustapha Niasse et de Djibo ka (Urd) du Ps, a été « obligé » de gouverner avec ces derniers, pendant plusieurs mois avec le responsable progressiste comme Premier ministre.

Mais pour cette élection, des calculs ont peut-être faussé. Car, il faut le dire, si certains ont investi des millions de francs CFA (caution et autres charges liées à la campagne électorale et à la communication, par exemple, », c’est certainement pour avoir une voix autour de la table des négociations politiques ou au sein d’éventuelles alliances électoralistes, de circonstances afin d’être invité lors du partage du gâteau. Chiche !

Pourtant, le rôle d’un acteur politique, non investi d’une mission d’une mission de la République, devrait être de s’opposer et de participer activement au débat public pour l’intérêt du pays. Cependant, le constat est qu’ils ont pratiquement tous déserté. Même le candidat de la nouvelle force politique de l’opposition, Amadou Ba, -accrédité de 35,70%-, brille par son absence. Fortement critiqué au sein de son propre parti (Apr), il ne s’est signalé qu’une seule fois à travers un communiqué, disant rester « résolument engagé et prêt à mener et à gagner les batailles du futur » à savoir les élections législatives et locales à venir. Mais depuis lors, il s’est lui aussi emmuré dans un silence.

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