Près de trois ans après la mise en circulation du Train express régional (TER), les voix mécontentes se font encore entendre, réclamant leur recasement par l’État.
Par Justin GOMIS – Le TER, conçu pour désenclaver la banlieue dakaroise, a causé de nombreux préjudices à des familles dont les maisons et entreprises se trouvaient sur son tracé. Les impactés du département de Dakar dénoncent une discrimination dans l’attribution des logements de recasement. L’État, après avoir attribué le site de Lac Rose aux autres impactés, n’a pas inclus ceux du département de Dakar.
« Nous sommes victimes de discrimination de la part de l’État du Sénégal et de la BAD. L’État a attribué aux impactés le site de Lac Rose sans inclure ceux du département de Dakar. Et depuis 2017, nous courons après nos indemnités », a déclaré Fatou Dionne, coordonnatrice des impactés du département de Dakar. Elle souligne l’absence d’un barème respecté et l’absence d’actes ou de PV de conciliation pour les impactés de Dakar. Certains ont été indemnisés à hauteur de seulement 25 000 francs, d’autres via des billets.
Malgré une plainte déposée en 2019 et une médiation par la BAD et l’AFD, la situation n’a pas été résolue en raison des ressources insuffisantes de l’APIX pour traiter les dossiers. Un rapport de conformité publié en janvier 2024 par la BAD reconnaît les sacrifices des personnes affectées, y compris la perte de leurs toits, emplois et sources de revenus, causant stress et anxiété.
Babacar Diouf, spécialiste en suivi-projet infrastructure financé par la BAD, indique que la BAD a proposé un plan d’actions pour remédier aux violations occasionnées par le projet. Cependant, aucune consultation n’a été menée pour mettre en œuvre ce plan d’actions. Les plaignants rappellent à la BAD ses responsabilités et soulignent que la banque a refusé de financer la deuxième phase du projet tant que les problèmes de la première phase ne sont pas résolus.
Fatou Dionne insiste sur l’importance de la participation de la BAD à la réparation des préjudices. Babacar Diouf met en garde contre les risques pour l’image internationale de l’État et la suspension potentielle d’un financement de 102 millions de dollars par la BAD. Il appelle l’État à engager un dialogue avec les plaignants pour trouver des solutions, notamment en identifiant des assiettes foncières pour reloger les victimes, afin de préserver la cohésion sociale et éviter de disloquer davantage de familles.