Au Sénégal, l’homosexualité n’est pas tolérée mais interdite. Elle est considérée comme un délit.
L’homosexualité est juridiquement punie et pénalement réprimée au Sénégal en tant qu’attentat aux mœurs. Elle y est qualifiée juridiquement d’« acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe », et est punie d’un à cinq ans de prison.
L’homosexualité est punie au Sénégal par l’article 319 du Code pénal, alinéa 3, issu de la loi 66-16 du 12 février 1966 qui stipule : « Sans préjudice des peines plus graves prévues par les alinéas précédents ou par les articles 320 et 321 du Code pénal, sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 100 000 à 1 500 000 francs, quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe. Si l’acte a été commis avec un mineur de 21 ans, le maximum de la peine sera toujours prononcé ».
Monsieur Ousmane Sonko doit retirer ses propos mensongers et présenter ses excuses aux étudiants et aux Sénégalais.
Cette déclaration est contraire à ses engagements antérieurs de criminaliser l’homosexualité une fois arrivé au pouvoir.
Comment Monsieur Sonko, Premier ministre du Sénégal, peut-il mentir sur la tolérance de l’homosexualité alors qu’elle est prohibée par le législateur sénégalais ? De plus, il n’y a pas longtemps, le corps d’un présumé homosexuel a été déterré et brûlé à Kaolack par une foule de jeunes fanatiques et barbares.
Certes, Ousmane Sonko était un député incompétent, absentéiste, et ne fréquentait guère la bibliothèque de l’Assemblée nationale. Son absence de culture générale et de culture d’État peut-elle justifier qu’il ignore que le Sénégal pénalise l’homosexualité depuis 1966 ?
Contrairement à ses affabulations devant Mélenchon, le Sénégal réprime l’homosexualité. La loi y prévoit des sanctions. Les juges ont souvent prononcé des condamnations pénales et pécuniaires.
Dans notre pays, les relations homosexuelles sont passibles d’emprisonnement.
Le code pénal sénégalais considère explicitement les relations entre adultes de même sexe comme des délits.
L’homosexualité est punie par la loi, et les personnes homosexuelles ou soupçonnées de l’être vivent dans la peur d’être arrêtées, condamnées ou lynchées.
Dans ces conditions, parler de tolérance de l’homosexualité est un gros mensonge. Mais il faut reconnaître que Sonko n’a jamais eu la moindre gêne de mentir en public ou face caméra. C’est même dans son ADN politique.
Le pire est que la déclaration de Sonko sur la gestion de l’homosexualité jure avec ses engagements antérieurs sur la question.
Le 12 mars 2022, il promettait de durcir les sanctions contre l’homosexualité dans un retentissant tweet dont le contenu était le suivant : « Si je suis élu président du Sénégal, la loi criminalisant l’homosexualité sera l’une des premières que je ferai voter ». À l’époque, il évoquait la religion et son souci « de préservation de notre humanité », pour justifier sa position anti-homosexualité.
Sur l’homosexualité au Sénégal, Sonko a menti et trahi sa promesse de criminalisation.
Sur la question de l’homosexualité, Ousmane Sonko a fait preuve d’une grande lâcheté devant Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il affirme, toute honte bue, que le phénomène est toléré au Sénégal. Il a trahi sa base fanatique et ses soutiens issus pour beaucoup des milieux extrémistes et des associations religieuses, qui avaient fait de la manipulation sur le sujet une arme contre le régime précédent.
Le discours de Sonko rappelle son recours systématique au double langage pour toujours dire ce qui plaît à son interlocuteur du moment. Et ce contrairement à Jean-Luc Mélenchon qui a fait preuve de plus d’honnêteté, de courage et de cohérence. Ce dernier est resté constant et conséquent avec la ligne de son parti La France insoumise, ce qui est aux antipodes des reniements répétitifs du chef de PASTEF et du gouvernement sénégalais.
Pour terminer, je voudrais condamner l’attitude opportuniste du Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop.
Le Professeur Ahmadou Aly Mbaye a violé la décision du Conseil académique portant suspension de toutes les activités politiques sur le campus universitaire. Cette suspension n’est pas encore levée. Par conséquent, le Recteur ne devrait pas autoriser cette rencontre qui n’a aucun caractère officiel et scientifique, encore moins y prendre part.
Il s’y ajoute que le PASTEF est une association privée. Il peut recevoir Jean-Luc Mélenchon et organiser une rencontre entre lui et ses militants où il veut, sauf à l’UCAD aussi longtemps que la décision du Conseil académique reste en vigueur.
Vive le Sénégal !
Vive la République !
Dakar, le 17 mai 2024
Moustapha Diakhaté