Le gouvernement a récemment annoncé des mesures pour alléger le panier de la ménagère. Thierno BOCOUM, président d’AGIR, a exprimé son avis sur ces initiatives. Il qualifie la situation de « cercle vicieux » et souligne qu’une baisse, même minime, n’est jamais négligeable. Cependant, il appelle les autorités à mieux encadrer ces mesures et à réduire le train de vie de l’État.

Texte intégral :

« Chaque franc de plus dans la poche des goorgoolou (les plus démunis) vaut mieux qu’un franc de moins.

Nous encourageons et soutenons toute initiative visant à réduire significativement le coût de la vie. Cependant, il est crucial de noter que des réductions de prix non compensées par des mesures étatiques peuvent souvent entraîner de la spéculation et une hausse des prix.

Par exemple, en novembre 2022, le président Macky SALL avait pris 11 décisions de baisse des prix des produits et services de consommation courante. Le Ministère du Commerce, de la Consommation et des Petites et Moyennes Entreprises avait fixé le prix homologué du riz brisé ordinaire à 325 FCFA le kilogramme. Aujourd’hui, malgré une réduction de 40 FCFA annoncée par les autorités actuelles sous la présidence de Bassirou Diomaye FAYE, le prix est toujours supérieur, s’élevant à 410 FCFA.

Le maintien des prix dépendra aussi des facteurs exogènes liés aux marchés des pays exportateurs. De plus, les prix dans les régions éloignées sont souvent majorés en raison des coûts de transport, ce qui réduit encore la marge de certains compatriotes et rend les produits plus chers qu’à Dakar.

Les autorités sénégalaises doivent agir rapidement en mettant en œuvre des réformes structurelles pour augmenter massivement et de manière endogène l’offre de produits. Elles doivent se concentrer sur la mobilisation des ressources pour soutenir des stratégies d’autosuffisance alimentaire. Pour être conformes à leurs promesses, elles devraient commencer par supprimer les nombreuses caisses noires ainsi que certaines agences et directions inutiles qui doublonnent avec d’autres. Malheureusement, leur maintien a été acté par le Président Bassirou Diomaye FAYE dans le Décret n° 2024-940 portant répartition des services de l’État.

Ces mesures permettraient de réduire le train de vie de l’État et de créer des ressources additionnelles pour une politique structurelle visant une baisse conséquente et définitive des produits de première nécessité. Une loi de finance rectificative est nécessaire pour mieux réorienter les ressources vers les besoins des populations qui souffrent du coût élevé de la vie, répondant ainsi efficacement aux promesses faites.

Dans ce contexte d’économie extravertie, l’État sénégalais doit considérer à la fois les importateurs et les fournisseurs pour assurer la pérennité des produits, tout en protégeant les consommateurs jusqu’à ce que des solutions endogènes soient mises en place. La pression fiscale et les réductions autoritaires des prix risquent de pousser le secteur formel à se tourner vers l’informel ou à fermer.

Nous saluons également la suppression de la parafiscalité sur le ciment. Aider chaque Sénégalais à avoir un toit en réduisant les coûts de construction est une priorité majeure.

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