La tension sociale est montée d’un cran dans la station balnéaire de Saly, où un bras de fer oppose désormais la commune à la Société d’Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones Touristiques du Sénégal (SAPCO). Regroupés au sein du Collectif pour la Défense des Intérêts de Saly Portudal, des habitants et responsables locaux accusent la société publique d’orchestrer une « dépossession progressive des espaces communaux » à travers une gestion foncière jugée unilatérale et contraire aux textes en vigueur.
Face à la presse, les membres du collectif ont dénoncé ce qu’ils qualifient d’accaparement de terrains destinés à des projets d’intérêt public, au mépris des droits de la commune. Plusieurs sites emblématiques sont au cœur du litige, notamment les trois hectares attribués depuis 2013 à la population pour la construction d’un centre de santé secondaire, l’espace jouxtant le site « Bienvenue à Saly », initialement prévu pour accueillir un parc d’attraction communal, ainsi que des terrains situés dans le quartier Saly, réservés à des usages communautaires.
Pour le collectif, ces agissements constituent une violation manifeste du principe constitutionnel de la libre administration des collectivités territoriales. Conseiller municipal et membre du collectif, Moulaye Hassan Badji a rappelé que la législation exclut explicitement les aires de villages et leurs extensions du champ d’intervention foncière de la SAPCO. « La commune de Saly n’a pratiquement plus de terres.« Il a averti que les générations futures sont gravement menacées. ». Au-delà de la question foncière, les populations pointent une dégradation progressive du cadre de vie dans la station touristique. Elles évoquent une insalubrité persistante malgré la disponibilité de camions de ramassage des ordures à l’arrêt, un déficit d’éclairage public, un sentiment d’insécurité croissant et un manque d’animations touristiques. Sur le plan économique, la colère croît également parce que la SAPCO et la mairie imposent aux commerçants et vendeurs locaux des taxes, asphyxiant l’économie locale.
Le ton s’est durci avec les déclarations du président du collectif, Pape Sylla, qui a lancé un avertissement sans équivoque : « La SAPCO n’a absolument rien fait pour la population de Saly. Si elle reprend les trois hectares, elle devra nous enterrer tous dessus. » Il a également appelé les habitants à cesser le paiement des contrats de concession délivrés par la SAPCO. Dans le même élan, Babacar Gueye, deuxième adjoint au maire, a estimé que « Saly se dirige vers un combat », dénonçant une situation devenue, selon lui, « insupportable ».
Face à l’escalade des tensions, le collectif interpelle solennellement le Président de la République et l’État du Sénégal afin de clarifier les compétences, faire respecter les lois en vigueur et préserver la paix sociale. En guise de pression, la population n’exclut pas l’organisation prochaine d’une marche pacifique pour faire entendre ses revendications.

