Un sommet crucial des dirigeants d’Afrique de l’Ouest s’est ouvert ce dimanche à Abuja, Nigeria, dans un contexte politique particulièrement tendu. Cette rencontre survient après l’annonce de la formation d’une « confédération » par les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso, ce qui met à l’épreuve l’unité et l’efficacité de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Formation de la Confédération des États du Sahel

Samedi, les gouvernements militaires de ces trois pays ont signé un traité à Niamey, officialisant la création de la Confédération des États du Sahel. Ce développement est perçu comme un défi direct à la CEDEAO, particulièrement après que le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont quitté l’organisation plus tôt cette année.

Réactions et Conséquences

Le président de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray, a averti que cette décision pourrait entraîner un « isolement diplomatique et politique » pour les trois pays concernés, ainsi qu’une perte significative d’investissements. Il a également évoqué la possibilité que leurs citoyens aient besoin de visas pour voyager dans la région, sans préciser quand cette mesure pourrait être mise en place.

Touray a souligné que cette scission pourrait exacerber l’insécurité régionale et entraver les efforts pour établir une force régionale de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme. La CEDEAO, déjà confrontée à des violences jihadistes persistantes et à des défis financiers, voit ainsi sa mission de stabilisation et de développement régional gravement menacée.

Contexte Politique

Les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso, tous arrivés au pouvoir par des coups d’État ces dernières années, ont également rompu avec la France, accusant Paris de manipuler la CEDEAO et de ne pas soutenir adéquatement leurs efforts anti-jihadistes. Le général Abdourahamane Tiani, leader nigérien, a appelé à une indépendance vis-à-vis des « puissances étrangères » et a rejeté tout retour au sein de la CEDEAO.

Sommets et Discussions

Le sommet de la CEDEAO à Abuja a lieu alors que plusieurs présidents ouest-africains appellent à une reprise du dialogue. C’est la première réunion de ce type pour le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, qui a exprimé en mai son espoir de réconciliation.

Les relations entre le Niger et la CEDEAO se sont détériorées après le coup d’État de juillet 2023 au Niger, la CEDEAO ayant imposé des sanctions et menacé d’intervenir militairement pour rétablir le président évincé, Mohamed Bazoum. Bien que les sanctions aient été levées en février, les relations restent tendues.

Projets de Force Régionale

À la veille du sommet, les ministres de la Défense et des Finances des pays membres ont discuté du financement d’une force régionale de lutte contre le terrorisme et de rétablissement de l’ordre constitutionnel, un projet ambitieux mais coûteux estimé à environ 2,6 milliards de dollars par an.

Leadership et Défis Internes

Le sommet de la CEDEAO est également marqué par des discussions sur la reconduction du président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, à la présidence de l’organisation. Des divergences semblent exister, notamment entre les pays francophones et anglophones, concernant la direction future de la CEDEAO.

En conclusion, le sommet de la CEDEAO à Abuja se déroule dans un climat de grande incertitude et de défis majeurs, alors que l’organisation tente de naviguer à travers des turbulences politiques et sécuritaires sans précédent dans la région.

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