Considérée comme « le groupe criminel le plus structuré et le plus dangereux » du XXIe siècle en France, la DZ Mafia continue de faire parler d’elle. Si les homicides liés au trafic de drogue ont diminué en 2024 dans la région marseillaise, les enjeux restent considérables. Analyse d’un problème complexe qui implique des adolescents de plus en plus jeunes et une criminalité toujours plus sophistiquée.

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Une baisse des narchomicides en 2024

En 2024, l’AFP a recensé 24 morts dans des narchomicides dans la région marseillaise, un chiffre en nette diminution par rapport aux près de 50 morts de l’année 2023. « L’année 2023 avait été historique », explique Jean-Baptiste Perrier, professeur de droit privé et de sciences criminelles à l’université d’Aix-Marseille. Cette baisse s’inscrit dans une dynamique de « pics et d’accalmies » propres à la situation marseillaise.

L’apaisement relatif observé en 2024 résulte notamment de la fin du conflit entre la DZ Mafia et le groupe Yoda, remplacé par une rivalité naissante avec les « nouveaux blacks », un groupe composé en majorité de jeunes Comoriens. Ce conflit, encore embryonnaire, n’a pas atteint l’intensité des affrontements précédents.

Des adolescents de plus en plus jeunes impliqués

Si les chiffres de la violence diminuent, un autre phénomène inquiète : l’implication de jeunes de plus en plus jeunes dans ces réseaux criminels. « Il y a 10 ans, les participants avaient en moyenne 20 ans. Aujourd’hui, on parle de jeunes de 14 ans, voire moins », souligne Perrier.

L’exemple tragique du tueur présumé d’un chauffeur VTC en octobre dernier, âgé de seulement 14 ans, illustre cette tendance. Appâtés par des promesses d’argent facile, ces adolescents sont rapidement enrôlés pour effectuer des tâches à risque. « Les jobbeurs mettent en scène leur réussite sur les réseaux sociaux, attirant ainsi d’autres jeunes », explique le criminologue.

Une criminalité socialement enracinée

L’analyse criminologique met en lumière un problème de société plus large. « La délinquance n’est pas migratoire, elle est sociale », affirme Perrier, rappelant les conditions de vie difficiles de nombreux jeunes impliqués dans ces réseaux.

Pour enrayer ce fléau, il ne suffit pas de renforcer les moyens policiers et judiciaires. L’investissement dans l’éducation et l’encadrement des jeunes, à travers notamment un plus grand nombre d’enseignants, pourrait jouer un rôle crucial pour prévenir ces dérives.

Une organisation criminelle d’un nouveau genre

Malgré son nom, la DZ Mafia ne correspond pas à la définition traditionnelle des mafias italiennes. « Elle est plus proche des cartels sud-américains, cherchant à diversifier ses activités et à s’internationaliser », analyse Perrier.

Contrairement aux mafias claniques, la DZ Mafia recrute massivement via les réseaux sociaux et met en scène ses « succès » pour asseoir son influence. Bien que présentée comme la plus structurée des organisations criminelles en France, elle reste confrontée à des limites. « Les institutions françaises, qu’il s’agisse des magistrats ou des policiers, sont bien moins corruptibles que celles d’Amérique du Sud. »

Une menace persistante

Le phénomène de la DZ Mafia pose un défi complexe à la société française. Si la violence semble momentanément contenue, la persistance d’une criminalité organisée, associée à l’implication d’adolescents, appelle des solutions globales et durables. L’avenir de cette lutte repose autant sur la réponse judiciaire que sur une politique sociale ambitieuse.

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