Le gouvernement a lancé, lors du Conseil des ministres du 19 février 2025, des fouilles à Thiaroye pour retrouver les fosses communes des tirailleurs sénégalais tués le 1er décembre 1944. Cette initiative vise à identifier les victimes du massacre et à faire toute la lumière sur cet épisode sombre de l’histoire coloniale.
Une promesse de vérité pour un drame longtemps occulté
Près de 80 ans après les faits, le massacre de Thiaroye continue de hanter la mémoire collective. Le 1er décembre 1944, l’armée coloniale a abattu des tirailleurs sénégalais revenus d’Europe, alors qu’ils réclamaient leurs primes de démobilisation. Si les archives françaises ne reconnaissent que 35 morts, les historiens avancent plus de 350 victimes.
Pour rétablir la vérité historique, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé le 19 février 2025, en Conseil des ministres, que le gouvernement lancerait des fouilles archéologiques à Thiaroye afin de localiser les fosses communes où ces soldats pourraient être inhumés.
Archéologues à l’œuvre sur les sites du drame
Les premières fouilles ont débuté dans le cimetière militaire de Thiaroye et sur le site de l’ancien camp militaire, théâtre du massacre. Des archéologues sénégalais, appuyés par les autorités, espèrent identifier les restes humains, établir leur nombre exact et confirmer leur identité en tant que tirailleurs sénégalais.
Ces recherches, qui s’annoncent longues et minutieuses, s’inscrivent dans une démarche de justice mémorielle. Elles devraient permettre de recueillir des preuves scientifiques sur un événement encore entaché de zones d’ombre.
Un “livre blanc” pour documenter la mémoire
Les résultats de ces fouilles feront l’objet d’un rapport confidentiel destiné au président de la République. Selon l’historien Mamadou Diouf, ce document – surnommé « livre blanc » – répondra à trois interrogations majeures :
- Que s’est-il réellement passé à Thiaroye ?
- Quelles sont les lacunes actuelles de notre compréhension ?
- Quels moyens pour mieux documenter cet événement ?
Vers une reconnaissance complète ?
Ce processus s’inscrit dans une volonté politique plus large de reconnaître les crimes coloniaux et d’apaiser les mémoires blessées. Alors que les voix se multiplient pour une réhabilitation officielle des tirailleurs tués à Thiaroye, ces fouilles pourraient représenter un tournant décisif.
En donnant la parole à la science et à l’histoire, le Sénégal entame une démarche inédite : redonner un nom, un visage et une dignité à ceux que l’histoire officielle a longtemps réduits au silence.
