Mouhamadou Madana Kane a fait part de son analyse sur la différence entre le Plan Sénégal émergent du régime sortant et le « Projet » proposé par les nouvelles autorités. Invité de JDD, ce dimanche sur IRadio, le banquier rappelle que le nouveau gouvernement prône la rupture.

« L’économie, dans le cadre du PSE, était plus ou moins…

Donc, soutient-il, « quand on parle de rupture par rapport à quelque chose qui existait, ça veut dire que, naturellement, on amène quelque chose de nouveau. Donc, du point de vue de la normalité, oui, parce que c’est une alternance. Quand on fait une alternance, on vient, on propose aux populations un nouveau programme, les populations l’adoptent, elles vous élisent. Et en ce moment, on peut trouver que ce soit normal. Cohérent, c’est un mot trop dur, parce que je pense que les visions ne sont pas les mêmes. On a, dans le cadre du Plan Sénégal émergent, une vision axée principalement sur le rattrapage infrastructurel et le changement des fondamentaux économiques qui était plus ou moins extraverti. L’économie, dans le cadre du PSE, était plus ou moins un modèle économique extraverti. Ici, on a un projet axé sur trois leviers : un Sénégal souverain, prospère et juste« .

« L’État a besoin de lier ses mains pour pouvoir…

Il poursuit : « Alors, dans le projet, il est prévu une rationalisation des dispositifs existants comme la BNDE, le Fonsis, le Fongip et la DER par la création d’une banque publique d’investissement… L’idée, elle est bonne parce qu’on veut rationaliser. Mais je dis que dans la rationalisation, il ne faut pas occulter les contraintes réglementaires. Parce qu’on ne s’appelle pas banque sans être assujettie à certaines réglementations, sans être assujettie à certaines contraintes de ratio et autres. Or, l’État a besoin de lier ses mains pour pouvoir faire ce qu’il a envie de faire et pouvoir agir sur l’économie. Vous ne pouvez pas le faire en tant qu’État si vous êtes une banque assujettie à la réglementation bancaire. Je pense que c’était d’ailleurs le sens d’avoir créé le Fonsis, le Fongip. C’est justement pour sortir du giron de la réglementation bancaire. Donc…, mon conseil serait de bien analyser la question par rapport aux objectifs que l’État s’est fixé d’avoir. Parce que l’État ici est interventionniste. On l’a vu dans le programme que l’État veut être interventionniste. Quand vous voulez être interventionniste, vous avez intérêt à ne pas avoir les mains liées. Or, vous risquez d’avoir les mains liées si vous regroupez tout ça dans une banque assujettie à la réglementation. Les instruments qui existent n’ont pas les mêmes vocations« .

Pour lui, « il faut trouver l’équilibre qu’il faut pour que tout ce qui est banque commerciale puisse rester rationalisé, rester une banque commerciale. Et tout ce qui est instrument d’intervention de l’État, qu’on puisse peut-être le gérer à travers d’autres mécanismes qui peuvent également être rationalisés. Donc, il serait plus judicieux de garder le Fonsis, le Fongip en créant une caisse, une grande caisse d’aide à l’emploi et à la productivité« .

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