Sous haute sécurité, Judith Suminwa, la Première ministre du Congo, accompagnée de quelques membres de son gouvernement et du gouverneur militaire, a été accueillie par une centaine de personnes au camp Cepac (la Communauté des Églises de Pentecôte en Afrique australe) à l’ouest de Goma.

Face à des déplacés désespérés par leur situation, Judith Suminwa a déploré les conditions de vie dans le camp et promis de trouver une solution définitive à leur situation, rapporte notre correspondant à Goma, Héritier Baraka. « Ce que vous vivez est inacceptable. Comme l’a demandé le chef de l’État, nous allons prendre nos responsabilités en tant que gouvernement », a-t-elle assuré.

Parmi la foule écoutant la cheffe du gouvernement, Mwamini Karungu, originaire du Masisi, exprime sa souffrance au camp et appelle les autorités à l’aider à regagner son village. « Je suis contente de la visite de la Première ministre. Elle nous a dit des paroles importantes, nous assurant qu’elle fera le nécessaire pour que nous puissions rentrer chez nous. »

Le chef du camp, Janvier Luanda, partage le même sentiment : le gouvernement doit prendre ses responsabilités et soutenir les déplacés. « Les soins médicaux doivent être gratuits ici, car nous souffrons quand nous allons à l’hôpital. Beaucoup de malades sont bloqués faute de moyens », déplore-t-il.

« Des actions fortes et des sanctions ciblées » contre Kigali. Le 3 mai dernier, un obus est tombé dans ce camp, faisant au moins 35 morts selon les autorités congolaises et 15 selon les responsables du camp. Le M23, soutenu par le Rwanda, a été pointé du doigt par Kinshasa. Judith Suminwa a réitéré la position de la RDC face aux tensions récurrentes avec le voisin rwandais. « Le chef de l’État a été clair : nous n’allons pas négocier avec ceux qui nous agressent », a-t-elle déclaré à la presse. « Les voies diplomatiques doivent contraindre l’agresseur à arrêter », a-t-elle ajouté, alors que les combats se poursuivent dans la région.

Au même moment, à Kinshasa, Thérèse Kayikwamba Wagner, nommée ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement investi le 12 juin, rencontrait pour la première fois le corps diplomatique. Elle a également dénoncé « l’agression rwandaise contre la RDC » et appelé à « des actions fortes et des sanctions ciblées » contre Kigali. La RDC « attend plus que des condamnations verbales » de la part des membres du Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-elle insisté.

Médiation de l’Angola. Dans le même temps, le président angolais, João Lourenço, en visite officielle pour quatre jours en Côte d’Ivoire, a déclaré jeudi que des négociations étaient en cours pour organiser « très prochainement » une rencontre entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi, ses homologues rwandais et congolais, afin de parvenir à la paix dans l’est de la RDC.

Face à la presse jeudi, le président angolais, médiateur de la crise dans l’est de la RDC, a réitéré son engagement à résoudre ce conflit par la voie de la négociation. Une telle rencontre entre les deux dirigeants est en effet à l’étude depuis le début de l’année, mais ne s’est pas encore concrétisée.

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